13 octobre: DUNE (Dune)
Arthur marchait dans la rue sur le chemin de l’école, il était dans la Lune. Ou plutôt sur une autre planète, la planète aux épices, Dune. En effet, il adorait la science-fiction, et était en train de lire Dune de Frank Herbert. C’était souvent qu’il se passionnait pour sa lecture au point de ne pouvoir quitter son livre en sortant de la maison. En ce moment chez lui, ce n’était pas la joie. Les résultats scolaires n’étaient pas au rendez-vous depuis quelques mois, car il n’était pas passionné par ce qu’il faisait à l’école. Ça se traduisait par des remontrances, et parfois même des cris de la part de son père, qui ne comprenait pas ce qui arrivait à son enfant. Pour fuir ce monde en tension, Arthur avait trouvé la solution : les livres de science-fiction.
Concentré sur sa lecture, il ne vit pas ce qui se passait en face de lui. Marco, le caïd de l’école l’attendait. Il lui attrapa son livre et se mit à courir dans l’autre sens. Ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait de se faire embêter par Marco, mais d’habitude ça se limitait aux insultes et parfois aux bousculades. Cette fois-ci il lui volait son bouquin. Arthur en avait marre de se laisser faire.
Ironie de l’histoire, Marco et Arthur étaient copains à l’école primaire, et Arthur ne savait pas ce qui avait pu changer chez son camarade pour qu’il se comporte ainsi maintenant. Il voulait récupérer son livre, l’histoire était passionnante. De plus, c’était un vieux bouquin appartenant à son père. Il allait se faire gronder en rentrant s’il devait annoncer à ce dernier qu’il ne l’avait plus, quelle que soit la raison. Déjà que son père trouvait qu’il ne travaillait pas assez à l’école, ça allait être un prétexte supplémentaire pour le priver de sa passion pour la lecture et le forcer à faire ses exercices de maths.
Il alla donc parler avec Marco pour le lui reprendre. Les choses s’envenimèrent, les insultes fusaient, et pour une fois, Arthur avait décidé de ne pas se laisser faire. Ils finirent par en venir aux mains, même si le combat était perdu d’avance pour Arthur, une tête de moins que son ancien ami. Le surveillant à l’entrée du collège les sépara et leur mit deux heures de retenue à tous les deux, programmées pour le soir même. La journée commençait mal. Et ça n’allait certainement pas aller en s’arrangeant.
La soirée arriva. Et ils se retrouvèrent tous les deux dans la même salle, sensés profiter de ce temps pour travailler. Aucun des deux n’était d’humeur à sortir un cours ou à faire des exercices. Le surveillant, lui-même un peu fatigué de sa journée, ne semblait pas s’occuper d’eux, concentré qu’il était sur l’écran de son téléphone.
Ils finirent par discuter, Marco avoua à Arthur que ses parents étaient en train de se séparer, et qu’il avait beaucoup de haine. Sa colère n’était pas vraiment dirigée contre Arthur, mais il admettait être un peu jaloux de lui, qui avait des parents qui s’aimaient encore et qui l’aimaient tous les deux. Lui, il se sentait abandonné. Son attitude de caïd, Arthur le compris bien vite, était une sorte d’appel au secours. Une façon de faire en sorte qu’on fasse attention à lui. Il lui raconta alors sa situation personnelle, avec son père qui le considérait comme un moins que rien… Les deux se mirent à rire. Puis Marco demanda à Arthur comment il faisait pour gérer la situation, d’avoir l’air de prendre bien les choses et d’être heureux.
Arthur lui raconta alors le pouvoir des livres, le fait qu’ils l’emmenaient dans un autre monde, pour lui faire oublier un temps sa condition d’humain sur cette planète. Dans un rêve, il n’y a plus de soucis. Il prit l’exemple du livre que Marco lui avait volé, et raconta un bout de l’histoire de Dune. Marco n’en crut pas ses oreilles. Passionné par le récit, il avait lui aussi envie de savoir la suite. Arthur lui proposa alors de lui prêter le premier tome de Dune qu’il avait déjà terminé. Il hésita un peu, Marco n’était pas un gros lecteur, mais la tentation était forte de s’évader de ses journées malheureuses. Il finit par accepter avec enthousiasme. Ils sortirent finalement de la salle de retenue avec le sourire aux lèvres.
Marco et Arthur étaient redevenus de bons amis. Ils se soutenaient mutuellement dans la rêverie, se prêtaient chacun les livres qui les avait le plus fait rêver. En bref, ils se modelaient un monde qui leur correspondait un peu plus. Les discussions allaient bon train, quant aux spéculations sur la suite de Dune, qui restait et resterait pour eux, la saga qui les avait rapprochés et sortis mutuellement de leur condition.
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